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Entre la Meurthe et la Moselle, les côtes de grès infraliasiques, couronnées de calcaires et d’argiles, bien que moins importantes que les Côtes de Meuse et de Moselle, façonnent un « balcon » étroit et allongé. Il s’agit des terroirs agricoles riches et fertiles du Vermois et du Bayonnais qui dominent la vallée de la Moselle à l’ouest et les vallées de la Meurthe et de la Mortagne à l’est. Le relief y est plus vallonné que dans le reste du plateau lorrain, avec des lignes de côtes et de buttes-témoins pouvant atteindre 300 mètres d’altitude, qui s’étirent de Tonnoy à Saint-Nicolas-de-Port, de Bayon à Rosières-aux-Salines et de Saint-Germain à Brémoncourt. L’unité de paysage s’allonge ainsi sur plus de 30 km pour 4 à 15 km de large et se prolonge dans le département voisin des Vosges jusqu’à la forêt de Rambervillers. À l’est, la Mortagne dessine une petite vallée sinueuse aux paysages ruraux préservés, décrite dans la sous-unité de paysage : « La vallée de la Mortagne ».
Un territoire agricole riche et fertile
L’unité de paysage « Entre Moselle et Meurthe » regroupe deux régions agricoles : le Vermois au nord et le Bayonnais au sud. Comme le Saintois voisin, le petit plateau du Vermois qui s’étend de Richarménil à Saint-Nicolas de-Port est un terroir riche et fertile défriché dès le Moyen-Age. Ses productions agricoles alimentaient les foires de Saint-Nicolas-de-Port, alors les plus importantes de Lorraine. Cette vocation agricole se confirme au cours des XVIIIe et XIXe siècles, après les guerres de Trente Ans : le Vermois, mais aussi de manière moins radicale le Bayonnais, sont alors défrichés et mis en culture. Sur les collines du Bayonnais, les vergers de mirabelliers ont remplacé les vignes touchées par le phylloxéra à la fin du XIXe siècle. Ils sont encore très présents dans le paysage et connaissent un certains renouveau avec la plantation de nombreux vergers de production.
Un relief vif et élégant, animé par les nombreuses lignes de crête ondoyantes des côtes infraliasiques
Les côtes infraliasiques dessinent des lignes de crêtes boisées qui rythment le paysage, notamment dans la partie sud – Mehoncourt
Le relief ondulé s’anime de crêtes boisées - Brémoncourt
Quelques buttes-témoins se détachent des côtes infraliasiques, notamment au sud de l’unité, dessinant des sites singuliers s’offrant comme des repères visuels dans le grand paysage – La butte du Haut de la Côte, Essey-la-Côte
De nombreux ruisseaux creusant des vallons orientés soit vers la Meurthe soit vers la Moselle
Prairies et champs cultivés dévalent le versant en pente douce de la vallée de la Moselle sauvage, offrant un superbe panorama sur la vallée - Ferrières
Des terroirs agricoles riches, aux paysages amples et ouverts dans la partie nord (Vermois)
Dans la partie nord, le relief peu accidenté se couvre de cultures, le paysage agricole est très ouvert – Ville-en-Vermois
Des paysages agricoles diversifiés mêlant cultures, prairies, vergers (mirabelliers) et bois dans la partie sud (Bayonnais)
Sur les pentes, les prés-vergers sont piquetés de mirabelliers – Ferrières
Les lignes de mirabelliers animent précieusement les paysages agricoles – Landécourt
Les paysages agricoles sont diversifiés : prairies, cultures, vergers et parsemés de structures végétales arborées (haies, bosquets, boisements, lignes de vergers, …) - Brémoncourt
Des phénomènes de simplification des paysages par les grandes cultures, surtout dans la partie nord
Les reliefs moins accidentés dans la partie nord de l’unité sont plus favorables à l’intensification des pratiques agricoles : les structures végétales deviennent rares, les paysages offrent des vues lointaines sur les Côtes de Moselle et les buttes-témoins du Grand Couronné à l’horizon – Manoncourt-en-Vermois
Des villages entourés d’une ceinture végétale de prés-vergers et prairies contribuant à la diversité paysagère
Les prairies et structures végétales (bosquets, haies, arbres isolés) qui entourent le bâti participent à la valeur paysagère de la silhouette du village – Burthecourt-aux-Chênes
Des routes-paysages implantées sur les crêtes, offrant de larges ouvertures visuelles dans toutes les directions
La silhouette des immeubles annonce l’agglomération nancéienne au nord : la ville en prise avec ses paysages agricoles – L'Eglise Saint-Hilaire, Ville-en-Vermois
Le Vermois et le Bayonnais étant des plateaux cultivés, les milieux strictement naturels sont peu présents. Cependant, le Bayonnais tout particulièrement mêle une mosaïque de milieux intéressants pour la biodiversité : cultures, prairies, vergers de mirabelliers et boisements. Les haies et les petits bosquets sont particulièrement importants pour la fonctionnalité écologique des territoires. Par ailleurs, dans le Vermois, du côté de Ferrières et de Saffais, les vergers et prés vergers accompagnent les espaces urbanisés et agricoles et renforcent leur attractivité en cumulant pour certaines espèces l’intérêt des deux zones avec des pratiques de gestion souvent plus extensives. A l’extrémité sud de l’unité paysagère, la forêt de Charmes, en limite départementale avec les Vosges, forme une continuité boisée entre la Moselle sauvage et les forêts de la Mortagne, tout comme, de manière discontinue, les boisements des côtes infraliasiques.
légende de la carte d'analyse critique
Atouts :
Les points de vue et les routes-paysages : des itinéraires de découverte des paysages offrant des panoramas remarquables vers l’est (vallées de la Meurthe et de la Mortagne) et vers l’ouest (vallée de la Moselle), notamment depuis les crêtes (RD112)
La route installée sur une crête offre des panoramas à l’est vers la vallée de la Meurthe et à l’ouest vers la vallée de la Moselle – La vallée de la Moselle sauvage et le village de Ferrières vus depuis la RD112
Les structures végétales arborées, les ceintures végétales des villages : des éléments précieux et fragiles participant à la qualité paysagère, des refuges importants pour certaines espèces naturelles plus communes mais menacées par l’uniformisation des paysages
Les nombreuses structures végétales (forêts, bosquets, haies) révèlent les formes mouvementées du relief, animant les paysages - Villacourt
Les vallons et les coteaux : une occupation agricole par des vergers, des prés-vergers, des prairies, offrant des ambiances paysagères diversifiées particulièrement perceptibles
Prés-vergers et vergers autour du village dans le vallon du ruisseau des Tinges - Ferrières
Fragilités :
La simplification des espaces agricoles et l’intensification des pratiques agricoles (suppression des structures végétales, restructuration foncière en grandes parcelles pour la céréaliculture) appauvrissent l’attractivité du paysage pour la faune et la flore sauvage. Le délitement du réseau de milieux semi-naturels crée des ruptures de continuités et isole de plus en plus des taches de naturalité que sont les vallées, les boisements de plus importants ou les prés-vergers autour des villages
La banalisation des villages situés au nord-ouest par des extensions standardisées : pression urbaine de l’agglomération de Nancy
Fragilisation des transitions village/espace agricole : les maisons récentes construites dans la ceinture végétale qui entoure le village se retrouvent en contact direct avec les grandes cultures – Ville-en-Vermois
Les extensions récentes d’urbanisation préservent la cohérence du village groupé et compact. Toutefois, l’absence de végétation engendre un contact brutal et peu attractif entre le bâti et les espaces de grandes cultures – Azelot
Les usoirs minéralisés dévalorisent l’image des centres de villages – Rozelieures
L’enherbement des usoirs et la présence de végétation au pied des façades permet d’adoucir l’image parfois trop minérale des centres des villages - Rozelieures
La fragilisation des paysages ruraux par les lignes électriques H.T.