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Des reliefs de cuestas : une succession de plateaux, de plaines, de vallées et de buttes-témoins
La [bleu violet]morphologie[/bleu violet] est le premier facteur de différenciation des paysages. Elle conditionne non seulement les sols et l’occupation des sols, mais aussi le regard que l’on porte dessus, en ouvrant les vues ou au contraire en les masquant. La Meurthe-et-Moselle ne présente ni vastes montagnes, ni profondes vallées - son point culminant étant le Roc de Taurupt (732 mètre d’altitude/ UP16) et le plus bas se situant dans le lit de la Moselle à Arnaville (174 mètre d’altitude/ UP6) – pourtant, [bleu violet]ses reliefs apparaissent contrastés entre côtes, plateau lorrain et piémont vosgien[/bleu violet].
S’ils restent plutôt doux de façon dominante, avec de vastes plateaux faiblement ondulés dont les altitudes moyennes oscillent entre 200 et 300 mètres, ils s’animent brusquement à l’ouest avec les côtes de Moselle et de Meuse et leurs buttes-témoins. Ces [bleu violet]cuestas (ou côtes)[/bleu violet] bien marquées barrent les horizons par d’imposants talus couronnés de forêts, offrant des panoramas généreux sur les paysages depuis leurs rebords ou du haut des buttes-témoins qui se dressent au-dessus de la plaine, telle celle de Sion-Vaudémont (UP10). A l’est, s’étend le vaste [bleu violet]plateau lorrain[/bleu violet] doucement vallonné et à peine interrompu par quelques discrètes lignes de côtes. Il court jusqu’au pied du massif vosgien dont le département effleure les versants raides et boisés à son extrémité orientale ([bleu violet]Piémont Vosgien[/bleu violet]).
Les reliefs de la Meurthe-et-Moselle
Les reliefs de la partie nord du département
Les reliefs de la partie sud-ouest du département
L’ouest de la Meurthe-et-Moselle est marqué par les reliefs [bleu violet]des Côtes de Moselle et des Côtes de Meuse[/bleu violet], les deux étant séparées par la plaine de la Woëvre. Les paysages façonnés par ces reliefs sont caractéristiques de cette partie du territoire, bien nommée « Pays des Côtes ».
Les reliefs chahutés, creusés de vallées, présentent des paysages très contrastés : des fonds de vallées où se concentrent l’urbanisation et l’industrie, des coteaux ou fronts de côtes couronnés de forêts, sur lesquels s’accrochent les villages entourés de vergers, des revers de côtes ou plateaux boisés ou cultivés et creusées de petites vallées plus intimes.
Les côtes offrent ainsi des ouvertures visuelles panoramiques, notamment depuis le sommet des buttes-témoins. Depuis celle de Mousson (UP6) par exemple, on embrasse largement la vallée de la Moselle à l’ouest et les vastes étendues du Plateau lorrain à l’est. Le plus souvent couronnées de boisements, les buttes dessinent aussi élégamment les horizons des plaines, notamment dans la Woëvre.
La Côte de Moselle
La colline de Sion-Vaudémont, relief emblématique dominant le Saintois
Les reliefs couronnés de boisements de la Côte de Moselle bordant le Saintois à l’ouest
Les reliefs marqués du Grand Couronné
[bleu violet]La Côte de Moselle[/bleu violet] marque fortement les paysages de la partie centrale du département, avec la vallée de la Moselle et ses nombreuses buttes-témoins qui forment des reliefs élégants, à la fois vifs et souples. Le front de la côte, taillé dans les couches épaisses des calcaires durs du Bajocien (voir Les paysages, la géologie et les sols), résiste mieux à l’érosion, formant des reliefs aux forts dénivelés dépassant souvent les 150 mètres, et atteignant régulièrement les 200 mètres.
La côte prend une orientation générale nord-sud, traversant toute la Lorraine, et constituant la limite ouest du Plateau lorrain. Dans le département, elle s’allonge entre la colline de Sion, au sud, jusqu’au Rupt-de-Mad, au nord, et se prolonge dans le département voisin de la Moselle au nord et des Vosges au sud.
Le front de côte, couronné de boisements, domine la vallée de la Moselle, dessinant nettement son versant ouest. La ligne de crête reste relativement continue, avec des altitudes comprises entre 350 et 400 mètres. Les points culminants sont du nord au sud : les Essarts à Frouard(368 m), la forêt de Hayeà l’Ouest de Nancy (407 m), le Pied-de-Bœuf à Fécocourt(491 m).
Curieusement, en raison de son histoire géologique (voir Les paysages et l’eau), le cours de la Moselle ne reste pas parallèle aux reliefs de la côte. Ses incartades créent des paysages plus complexes, diversifiés : les boucles de la Moselle (UP7) au travers du plateau de Haye ou encore les buttes-témoins, séparées du front de côte par la vallée :
Les Côtes de Meuse
Les reliefs couronnés de boisements des Côtes de Meuse
Les pentes enherbées de la Côte de Barine, à l’ouest de Toul (UP5)
Sculptées dans les calcaires jurassiques, [bleu violet]les côtes de Meuse[/bleu violet] dessinent un puissant horizon boisé et lointain qui délimite la plaine de [bleu violet]la Woëvre[/bleu violet] à l’ouest. Seule une petite portion d’une trentaine de kilomètre se situe dans le département. Elle correspond à la [bleu violet]Côte de Toul[/bleu violet], caractérisée par la présence de [bleu violet]vignes[/bleu violet] cultivées sur ses coteaux ensoleillés. Quelques buttes-témoin isolées, comme le Mont Saint-Michel qui domine la ville de Toul, dessinent des « reliefs signaux » bien visibles depuis la plaine de la Woëvre. Les buttes-témoin et les fronts de côtes, souvent très boisés, offrent peu de points de vues panoramiques. En revanche, depuis les pentes et en particulier depuis les villages accrochés aux coteaux, les ouvertures visuelles vers l’est sur la plaine sont plus fréquentes.
Les petites vallées nichées au cœur des côtes
La petite vallée du Terrouin nichée dans les reliefs des Côtes de Meuse (Leneuveville-derrière-Foug)
En s’écoulant des côtes, les cours d’eau ont creusé de petites vallées à l’échelle et aux ambiances plus intimes offrant souvent de discrets mais remarquables paysages. On retrouve par exemple les vallées du Terrouin à l’ouest de Lucey ou celle de l’Aroffe entre Allamps et Gibeaumeix dans les Côtes de Meuse (UP5), les vallées de l’Ar, de l’Uvry ou du ruisseau de Velle, dans la Côte de Moselle (UP4).
La Woëvre dessine une plaine au relief très aplani et bordé par les Côtes de Meuse à l’ouest
Entre le revers de la Côte de Moselle et le front des Côtes de Meuse, les dépôts argilo-marneux et les couches d’argiles grises et bleues forment la plaine de [bleu violet]la Woëvre[/bleu violet]. Si elle reste relativement étroite et peu étendue en Meurthe-et-Moselle, elle s’allonge plus longuement dans le département voisin de la Meuse, et s’élargit de Toul à Montmédy (Meuse). Elle présente un relief pratiquement plat, de 200 mètres d’altitude environ, et s’anime de quelques faibles ondulations qui viennent briser la monotonie de la plaine en offrant une occupation variée du sol : les cultures, qui ont tendance à s’étendre ces dernières années, se situent en priorité sur les terres mieux drainées du dessus des plis tandis que les prairies sont plus couramment installées dans les creux humides.
Vaste étendue aplanie sur le plateau du Pays Haut
La vallée de la Chiers (UP2), un paysage particulier au sein du plateau du Pays Haut
La vallée du Rupt-de-Mad entaillant le plateau de Haye
Les boisements soulignent l’entaille de la vallée de l’Esch, creusée dans le plateau de Haye. Au premier plan, le château de Pierrefort.
Les boucles de la Moselle creusées dans le plateau de Haye
" Derrière lui, la vallée de la Moselle se creusait, étalant les murots de pierre sèche, le fond de prairie franche où la rivière luisait. […] Mais quand il se retournait et qu’il contemplait la plaine étalée devant lui, son âme était chaque fois traversée d’étonnement. Un pays nouveau se révélait là, brusquement, comme si on avait ouvert une porte. C’était grand et beau, d’une beauté qui vous serrait le cœur. La plaine s’étendait à perte de vue, jusque vers Allain et Colombey, déroulant l’ondulation des terres argileuses. La flèche d’un clocher, montant d’un pli du sol, révélait la place des villages blottis au creux de la plaine. Des routes fuyaient à l’horizon, alignant leurs rangées de peupliers, dont les cimes s’enfonçaient parfois dans les vallons. » Emile Moselly, Terres lorraines (1907).
L’extrait de « Terres lorraines » d’Emile Moselly, illustre bien les paysages tirés à l’horizontale du plateau de Haye :
Sur le revers de la côte de Moselle, entre la plaine de la Woëvre et la vallée de la Moselle, les calcaires et marnes du Bathonien forment cet ensemble de plateaux. Faiblement inclinés vers l’ouest, leur altitude s’élève de 250 m à l’ouest, jusqu’à 400 m à l’est sur les crêtes de la côte.
Ils offrent des paysages et des ambiances très contrastées :
Deux territoires se distinguent, par la présence de vastes étendues forestières au sud et de paysages agricoles ouverts au nord (voir Les paysages et les milieux naturels) :
Les reliefs de la partie sud-est du département
Ouverture vers la plaine de la Seille depuis la côte Sainte-Geneviève (UP8)
Le Plateau Lorrain compose un vaste territoire : couvrant 200 000 hectares, il occupe 40 % du département à l’est et au sud-est, étendu entre la plaine sous-vosgienne (Piémont Vosgien) et la côte de Moselle. Il s’agit d’un ensemble aux reliefs assez ténus. Les fronts de côtes, bien que discrets, rythment et animent en douceur le paysage (côtes du Muschelkalk et côtes infraliasiques). De nombreuses rivières le traversent, dessinant des vallées peu profondes : la Seille, le Sânon, la Vezouze, la Meurthe, la Mortagne, la Moselle et le Madon. L’ensemble plateau et vallée se succède en un généreux fondu-enchaîné, tout en subtilité. De vastes boisements enrichissent le paysage, installés sur les terres les moins fertiles (Bois de Mondon, forêt de Parroy, …).
Les reliefs ondulés des collines du Bayonnais
Les douces ondulations cultivées du plateau lorrain
Le Plateau lorrain peut se diviser en [bleu violet]trois ensembles[/bleu violet] rythmés par les différentes cuestas qui le découpent :
Les paysages de pentes couvertes de forêts de résineux annoncent le massif des Vosges
Au sud-est du département, les Vosges gréseuses présentent un relief plus marqué avec des pentes raides, des vallées étroites et encaissées entaillées en V dans la roche. Le [bleu violet]Roc de Taurupt[/bleu violet], avec ses 732 m d’altitude, représente le point culminant du département, et se situe à proximité du sommet du Donon (1009 m) qui s’élève dans le département voisin de la Moselle. Il ne s’agit ici que du piémont du massif vosgien, appelé aussi collines sous-vosgiennes. Il offre le charme et la subtilité des paysages de transition, pas encore vraiment montagneux mais annonçant déjà la montagne vosgienne à l’est. Les pentes se couvrent de vastes forêts où les résineux se mêlent aux feuillus. Les vues vers le plateau lorrain sont devenues relativement rares, les espaces encore ouverts ayant pratiquement disparu. Même le lac de [bleu violet]Pierre-Percée[/bleu violet], confiné dans les pentes boisées, reste très discret, peu visible, notamment depuis les routes qui le bordent. En revanche, depuis le Plateau Lorrain, le massif dessine une forte ligne d’horizon bien visible, qui donne une belle profondeur au paysage. Cette fameuse [bleu violet]« ligne bleue »[/bleu violet] se prolonge au nord dans le département de la Moselle et surtout au sud dans celui des Vosges.