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La Moselle, en s’écoulant au travers des Côtes de Moselle, a dessiné une vallée ample cadrée par les reliefs du front de côte à l’ouest et les buttes-témoins à l’est (butte de Mousson, Grand Couronné, …).Cette vallée ainsi formée, comme une partie de la vallée de la Meurthe, constitue un axe de développement majeur en Lorraine, ’l’axe Mosellan’, qui s’étend de l’agglomération de Nancy au Luxembourg : un couloir de circulation et d’urbanisation reliant l’Alsace, l’Allemagne, la Suisse, la Belgique et le Luxembourg en passant par les grandes villes lorraines de Metz, de Nancy et d’Epinal).Ainsi, dans le département, de longues séquences sont marquées par l’urbanisation et l’industrialisation avec de nombreuses villes installées en fond de vallée (Pont-à-Mousson, Champigneulles, …) ou plus fréquemment en pied de coteau (Dieulouard, Pompey, Frouard, …).
L’unité de paysage de la ’vallée urbanisée de la Moselle’ est précisément constituée de la portion urbanisée et industrielle de la vallée entre Champigneulles et Arnaville, longue de 34 km environ. Elle comprend à la fois le fond de vallée, le pied de coteau et le front de côte le plus souvent boisés, soit une largeur de 6 à 7 km environ.Elle se prolonge au sud par les unités de paysage de l’agglomération de Nancy (voir l’unité de paysage n°9) et des Boucles de la Moselle (voir l’unité de paysage n°7). Au nord, la vallée reste urbanisée et industrielle et se poursuit dans le département voisin de la Moselle vers Metz et Thionville.
Pont-à-Mousson, Abbaye des Prémontrés
« Les prémontrés ont laissés à Pont-à-Mousson l’un des plus beaux ensembles monastiques de Lorraine et le plus complet puisqu’il restitue les bâtiments conventionnels, le logis de l’abbé et l’église abbatiale ; heureusement épargnés à la Révolution. […]Dom Calmet l’a rappelé dans son Histoire de Lorraine : « Cet ensemble monumental qu’on peut qualifier de somptueux n’exclut pas la vie régulière conforme à l’Antique Rigueur. C’est maintenant une des plus belles et des plus accomplies de toutes les abbayes de la province, mais elle se distingue encore plus par la régularité de ses religieux que par la magnificence de ses bâtiments ».Pierre Lallemand, Les Prémontrés (Pierron, 1990)
Des paysages marqués par l’occupation humaine du territoire
Axe privilégié de circulation, la vallée de la Moselle fait l’objet d’une longue histoire d’occupation par l’homme qui a forgé ses paysages. Dès l’époque gallo-romaine, la voie romaine Trèves-Lyon emprunte ce couloir, passant par la place-forte de Scarpone (aujourd’hui Dieulouard), située sur un franchissement de la Moselle. Au Moyen-Age, les sites fortifiés se multiplient le long de cet axe stratégique, avec les châteaux de Frouard, de Condé à Custines, de l’Avant-Garde à Pompey, de Dieulouard, de Mousson et de Prény, tous démantelés vers 1635 sur l’ordre de Richelieu. Avec l’épopée de la sidérurgie à la fin du XIXe et au XXe siècles, les paysages de la vallée sont profondément modifiés. Jusqu’alors essentiellement voué à la viticulture sur les coteaux et à l’agriculture dans le fond de vallée, le territoire devient un axe industriel majeur du département. Avec l’invention du procédé de Thomas Gilchrist en 1879, l’extraction de la minette lorraine s’intensifie : d’artisanale, l’activité devient industrielle. Les mines, les hauts-fourneaux, les usines se développent dans la vallée. Cette aventure du fer s’illustre notamment avec une commande exceptionnelle en 1887 passée aux forges de Pompey : 8 000 tonnes d’acier pour la construction de la Tour Eiffel ! Les cités ouvrières se multiplient : 54 cités sont construites dans la vallée, réparties sur les communes de Champigneulles, Pompey, Frouard, Custines, Jeandelaincourt, Belleville, Dieulouard, Pont-à-Mousson, Blénod-lès-Pont-à-Mousson, Pagny-sur-Moselle. Les villages et les infrastructures se développent dans le fond de vallée et sur les coteaux. Malgré le déclin de l’activité sidérurgique durant la seconde moitié du XXe siècle, l’urbanisation se poursuit grâce à la position privilégiée de la vallée, entre Metz et Nancy, constituant un corridor urbain entre l’agglomération nancéienne et Pont-à-Mousson.
Une vallée ample et encaissée cadrée de hauts coteaux couronnés de boisements
Les coteaux boisés et cultivés composent clairement le cadre de la vallée – Vue vers l’ouest depuis Custines
Une vallée marquée par l’urbanisation et l’activité industrielle
Le site de Pont-à-Mousson niché dans la vallée de la Moselle – Une vue depuis la butte de Mousson
Pont-à-Mousson, un site urbain et industriel marquant le paysage de la vallée de la Moselle
Le centre-ville de Neuves-Maisons dans le fond de la vallée
Maisons identiques composant un paysage répétitif caractéristique de l’architecture industrielle - Dieulouard
Une urbanisation dense encore tenue dans le cadre boisé de la vallée
Les boisements qui couvrent les hauts de coteaux dessinent une ligne continue qui cadre l’urbanisation de la vallée – Depuis Bouxières-aux-Dames
Un fond plat et étroit, enchaînant séquences naturelles et séquences urbanisées et industrielles
La vallée ample présente une alternance précieuse de séquences « naturelles » et de séquences urbanisées et industrielles - Dieulouard
La vallée vers Pont-à-Mousson, cadrée par les coteaux boisés, marquée par l’urbanisation, l’industrie (centrale électrique de Blénod, fonderie Saint-Gobain) et les nombreux étangs laissés par les gravières
La Moselle, un cours d’eau aménagé et canalisé présentant des paysages majestueux
Le canal latéral à la Moselle – Pont-à-Mousson
le canal de la Moselle (à gauche) et la Moselle (à droite). Les cheminées de la centrale électrique de Blénod marquent l’horizon - Dieulouard
Le canal latéral à la Moselle – Pagny-sur-Moselle
Des infrastructures concentrées dans le fond de vallée
Infrastructures ferroviaires encombrant le fond de vallée – Pagny-sur-Moselle
Un fond de vallée fortement marqué par l’exploitation des gravières donnant naissance à des étangs
Le fond de vallée est très marqué par l’exploitation des gravières qui dessine une multitude de trous d’eau consommant les prairies – Vallée de la Moselle à l’amont de Pont-à-Mousson
Après exploitation, les gravières sont le plus souvent transformées en étangs utilisés comme espace de loisirs (pêche) - Belleville
Des activités industrielles créatrice de paysages spectaculaires avec des constructions souvent monumentales
Enchevêtrement métallique puissant et spectaculaire, la célèbre fonderie Saint-Gobain marque fortement le paysage de la vallée – Blénod-lès-Pont-à-Mousson
Des paysages précieux de campagne sur les coteaux et dans les petits vallons latéraux
La vallée offre des contrastes saisissants : un troupeau sur les pentes de la butte de Mousson et la centrale électrique de Blénod à l’horizon
Paysage épargné de l’urbanisation et très agricole dans le vallon du Trey – Villers-sous-Prény
Village compact en fond de vallon et occupation complexe et riche du coteau par des prés-vergers – Villers-sous-Prény
Village niché dans un petit vallon sur le versant ouest de la vallée - Marbache
Cette unité paysagère, incluse en partie dans le périmètre du Parc naturel régional de Lorraine, se caractérise par la vallée de la Moselle cadrée de hauts coteaux couronnés de boisements. La continuité aquatique se dessine entre la Meurthe qui rejoint la Moselle après le port de Frouard et le ruisseau de la Natagne qui rejoint la Moselle par le canal de l’Obrion. Le fond plat et étroit de la vallée enchaîne des séquences naturelles et anthropisées par l’urbanisation, l’industrie, l’exploitation de gravières et par les infrastructures ferroviaires et routières (dont l’A31 reliant Nancy à Metz), entraînant une fragmentation des habitats naturels.
Au Sud, la Moselle et la Meurthe sont à moins de 500 mètres des espaces forestiers du plateau de Haye composés d’hêtraies ou de chênaies-charmaies. A partir de Belleville, les espaces forestiers sont plus éloignés et laissent place aux prairies et zones humides, qui représentent une continuité écologique Nord/Sud sur les bords de la Moselle. Une partie des prairies de bord de Moselle et l’étang Pré du taureau font partie d’un arrêté de protection de biotope. Il s’agit d’une prairie alluviale sèche à caractère thermophile qui comporte deux espèces protégées au niveau régional : la Spirée filipendule et le Petit pygamon.
Vers Norroy-les-Pont-à-Mousson et Pagny-sur-Moselle (au Nord de l’unité paysagère), un ensemble de plans d’eau, de friches, de prés humides et de formations boisées de milieux humides sur d’anciennes gravières d’une boucle de la Moselle constituent une mosaïque d’habitats favorables aux oiseaux pour la nidification, l’hivernage et les passages migratoires (Rousserolle verderolle, Martin pêcheur, Locustelle tâchetée, Grèbe huppée), ainsi que pour les chiroptères (Murin de Natterer, Pipistrelle de Nathusius, Murin à moustaches).
légende de la carte d'analyse critique
Atouts :
Les coteaux cultivés et boisés : un cadre précieux et essentiel pour l’urbanisation
Paysage de coteaux composés (cultures, prés-vergers, boisements) valorisant une coupure d’urbanisation entre Vittonville et Arry, sur la rive droite de la Moselle
Pré-verger sur les coteaux de la vallée – Bezaumont
Certaines portions de coteaux sont très boisées – Marbache
Paysage de coteau soigné : prés entourés de haies, couronne boisée – Autreville-sur-Moselle
Les séquences rurales et les fonds de vallées préservés : des paysages rares constituant des espaces de respiration entre les zones urbanisées et participant à la qualité du cadre de vie des habitants (prairies, zones humides et structures végétales)
Ambiance rurale préservée sur le coteau de la butte de Mousson : chemin, vergers, prairies – Pont-à-Mousson
Coteau cultivé couronné de boisements et présentant des paysages agricoles un peu simplifiés suite à la suppression des structures végétales – Autreville-sur-Moselle
La Moselle et les canaux : des lieux attractifs à mettre en valeur, offrant potentiellement des itinéraires de promenade de qualité avec les corridors écologiques constitués
La Moselle, un paysage ample mettant en valeur le front bâti – Pont-à-Mousson
Les quais de la Moselle, un potentiel remarquable de mise en valeur du cadre de vie, encore peu aménagés – Pont-à-Mousson
Cheminement le long du canal latéral à la Moselle – Pagny-sur-Moselle
Petit port de plaisance sur la Meurthe canalisée - Champigneulles
Le patrimoine architectural et urbain (Pont-à-Mousson, Dieulouard, Pont-Saint-Vincent,…)
La Place Duroc, place triangulaire bordée de maisons à arcades des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, une belle composition urbaine – Pont-à-Mousson
Les points de vue depuis les coteaux : des lieux permettant la découverte de paysages panoramiques
Les pelouses calcaires : des milieux « naturels » rares et recélant une grande richesse écologique mais fragiles suite à l’abandon des pratiques pastorales (enfrichement et boisements progressifs)
Fragilités :
La disparition des prairies et la consommation des fonds de vallée par les gravières
Le manque d’aménagement des berges de la Moselle pour les circulations douces : inaccessibilité, enfrichement, activités industrielles
Friche industrielle en bord de Moselle dévalorisant le paysage depuis les berges
La fragilisation du paysage des coteaux par les extensions urbaines, l’intensification des pratiques agricoles ou l’enfrichement
Fragilisation d’une séquence rurale de coteau par l’implantation d’un bâtiment d’activité le long de la route qui cache les pentes agricoles – Pont-à-Mousson
Paysage agricole simplifié et replantation de haies – Villers-sous-Prény
Friches gagnant le coteau – Pagny-sur-Moselle
Implantation très visible de bâtiments d’activités commerciales à flanc de coteau fragilisant le cadre boisé de la vallée : création de talus, publicités et enseignes, bâtiments massifs – Frouard
Fragilisation du paysage de coteau constituant le cadre « naturel » de l’urbanisation dans la vallée – Bouxières-aux-Dames
Le morcellement du fond de vallée par la multiplication des infrastructures et des zones d’activités, fragmentant les milieux naturels
Passage de la ligne de TGV Est dans la vallée de la Moselle barrant le fond de vallée– Vandières
Bâtiment d’activité installé le long de la route D952 et fragilisant la coupure d’urbanisation entre Vandières et Pagny-sur-Moselle
La dégradation des paysages de l’eau par des ouvrages hydrauliques techniques qui n’intègrent pas toujours des ambitions paysagères et architecturales
La dégradation des entrées et des traversées de villes par des phénomènes d’urbanisation linéaire et un manque d’aménagement des centres anciens
Paysage d’entrée de ville dévalorisé par l’urbanisation linéaire le long de la route RD120 – Pont-à-Mousson
Image peu valorisante de la traversée de ville : espaces publics trop minéralisés et encombrés par les voitures, réseaux aériens - Pagny-sur-Moselle
Traversée de ville à valoriser – Neuves-Maisons
Traversée présentant une image dégradée : réseaux aériens, bas-côtés non aménagés - Dieulouard
Aménagement soigné d’une entrée de ville : alignement d’arbres, circulation douce – Arnaville
La simplification des paysages forestiers et de la biodiversité en « zone rouge » par des plantations monospécifiques de résineux
Paysage artificialisé par les grands reboisements en résineux en « zone rouge » effectués après la Première Guerre mondiale afin de reconstituer les forêts dévastées ou d’occuper les terres ne pouvant plus être cultivées - Villers-sous-Prény